« Le Grand Débat » : Débrief des militants occitans

Les cinq candidats majeurs à l’élection présidentielle de 2017 ont confronté leurs programmes ce lundi soir sur TF1 durant presque trois heures. L’objectif étant d’expliquer aux Français en quoi leur projet est le meilleur pour la France mais aussi, de démontrer une vraie stature présidentielle. En Occitanie, des militants de chaque parti font part à Ephem’ de leurs retours.

Malgré la longueur du débat et la non représentation des six autres candidats à la Présidence de la République, chacun a pu s'exprimer au mieux sur un éventail assez large de sujets. Le modèle social, le modèle économique, et le rapport de la France au monde sont les trois grands thèmes abordés, qui ont rendu l’émission instructive et pertinente. Sur ce point, les militants sont tous d’accord. Chaque candidat a pu défendre ce en quoi il croit mais chacun n’a pas pu tirer son épingle du jeu. Ces partisans régionaux nous l’expliquent avec un certain recul.

Un candidat, une performance

Bien malin celui pouvant affirmer qui a véritablement remporté « Le Grand Débat » de TF1. Certains gagnent la bataille de Twitter, d’autres le combat des sondages, mais qui ressort avec le trophée des militants ? « Marine a tenu son rôle. Elle a défendu son projet sans attaquer inutilement ses adversaires. Elle a fait preuve de pédagogie en expliquant clairement de nombreuses choses aux Français. » déclare Bruno Lervoire, coordinateur du FNJ Occitanie. « Emmanuel Macron a déjoué les pronostics et a été le meilleur hier soir sans aucun doute. Pour son premier débat, il a su se montrer à la hauteur de l'événement. » affirme Gauthier Beaujard, référent des Jeunes avec Macron de l’Hérault. « Benoit Hamon s’en est bien sorti. L'essentiel est qu'il ait pu être clair sur la transition écologique, sur une nouvelle République, sur l'éducation. » ajoute Lorenzo Salvador, secrétaire national de l’écologie à la MJS.

Mais les militants héraultais ne savent pas faire que dans l’éloge. Certaines failles ont été décelées, même quand cela concerne leur favori. Pour Marine Michet, référente des Jeunes Républicains de l’Hérault, François Fillon a été « très clame, très serein, réfléchi dans ses réponses. Mais un petit peu moins présent sur certaines questions où il a laissé les candidats s’exprimer plus que lui. » Et ce n’est pas la seule à évoquer une « erreur » de son candidat puisque Manon Milcent, militante de « La France Insoumise » dans l’Hérault, souligne aussi le calme et la sérénité de Jean-Luc Mélenchon tout émettant certaines remarques : « Il a bien répondu, mais aurait peut-être pu être un peu plus incisif sur ses débats avec Le Pen et Macron. J'ai tout de même regretté une phrase dans sa conclusion, "rendre la France aux français" qui était un peu maladroite et qui se rapproche du discours du FN. » Jusque-là, difficile de déterminer le grand gagnant de la soirée. Mais peut-être que les éléments marquants de l’émission vont le faire se dessiner.

Un clash, un perdant

Si tous pensent que les questions de fond sont bien plus importantes que les questions de formes, diverses confrontations ont retenu l’attention de cette jeunesse engagée. Ce que l’on peut appeler clash ou simple vanne font partie des moments forts du débat selon eux. Et en général, dans ce genre d’altercation, un s’y trouve gagnant et l’autre perdant. Pour Gauthier Beaujard, il ne fallait pas passer à côté de la réponse de l’ancien ministre de l’économie à la présidente du Front Nationale concernant le burkini. « Emmanuel Macron a fait preuve d'intelligence et d'un grand sang-froid face aux propos nauséabonds de Marine Le Pen, qui ne cherche qu'à diviser les Français. » s’enthousiasme-t-il. L’ancien banquier d’affaires est aussi présent dans un passage qui a retenu l’attention de Bruno Lervoire, mais pas de la même manière. Pour ce dernier, « le discours de M. Macron était d’un vide absolu et Marine Le Pen l’a très bien souligné à un moment. Au-delà des mots et des tournures de phrases, M. Macron ne dit rien quand il parle. Ses propos sont agréables à l'oreille mais muets à l'esprit. » Décidément, Emmanuel Macron est présent sur tous les fronts puisque même Jean-Luc Mélenchon a su le titiller, même s’il n’était pas le seul visé. C’est ce qui a d’ailleurs tapé dans l’œil de Manon Milcent. « Avec cette pseudo blague, Jean-Luc Mélenchon a attaqué frontalement Macron et Hamon en leur disant "il faut bien un débat au sein du PS" et cela a permis de montrer vraiment la réelle fracture idéologique des deux mouvements. » assure-t-elle. Et pour ne pas en finir, Lorenzo Salvador en rajoute une dernière couche : « C'était important que Benoit Hamon interpelle M. Macron sur l'identité de ses donateurs. Dire que cette campagne est polluée par l'argent et ses candidats c'était un moment fort. »

Dans une campagne justement « polluée » par l’argent, il y en a deux qui s’en sortent plutôt bien au regard des militants, c’est Marine Le Pen et François Fillon. S’ils ont fait l’objet de polémiques durant des mois, on ne les a tout de même pas laissés tranquilles ce lundi soir. Et c’est peut-être devenu anodin finalement. « J’ai envie de dire « c’est le jeu ma pauvre Lucette », Le FN a souvent tendance à faire ces attaques pas du tout constructives mais qui leur permettent plus ou moins d’exister. C’est une question d’habitude. Nous sommes ceux qui leur faisons le plus peur on va dire, ceux qui ont le plus de chance d’arriver au second tour et qui attirons plus l’attention des français. Mais pour le coup, cela n’a pas marché, François Fillon ne s’est pas vraiment senti touché par les attaques. » soutient Marine Michet, qui voit en tous ces affrontements une des règles du jeu politique. Qui décroche donc le Graal de ce concours de discours ? Avec l’avis des militants, chaque candidat est passé du convaincant lauréat au décevant bonnet d’âne.

En bonus, un petit TOP TWEETS des militants occitans :

Dans "La France Insoumise", on repère tout de suite les bons sondages...

Au FNJ, on ne comprend pas encore la langue d'Emmanuel Macron.

Chez les "Jeunes avec Hamon", on profite du débat comme il se doit...

"Madame, on m'a copié...", du côté de la "Team Macron".

Et enfin chez les Républicains, pas le droit de critiquer un copain...