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La liberté d'expression au Burundi avec Véronique Ahyi-Hoesle


Quitter un pays que l’on aime tant n’est pas simple. Surtout lorsque l’on est forcé de laisser un Etat en cruelle perte de liberté d’expression. Véronique Ahyi-Hoesle l’a fait, et a partagé son expérience.

« J’ai travaillé pendant six mois comme rédactrice en chef des pages littéraires d’un mensuel et maintenant ce mensuel n’existe plus. Et là-bas il n’y a aucune liberté de la presse. » affirme la journaliste et écrivain française qui se devait de quitter le pays pour le bien de son travail et de sa passion. Car cela fait déjà deux ans que la situation du Burundi ne permet pas d’exercer une quelconque activité d’expression.


Depuis avril 2015, ce petit pays de l’Afrique de l’Est est plongé dans une profonde crise politique lancée par l’acte de Pierre Nkurunziza, qui brigue un troisième mandat à la Présidence de la République. Malgré une opposition en totale désaccord pour cause d’acte « illégal », l’homme politique burundais s’impose ensuite comme candidat à l’élection présidentielle. Et après une tentative de putsch échouée, Nkurunziza tient tête et devient une 3ème fois d’affilée Président de la République. Une élection très controversée, que beaucoup qualifie de truquée. Peu importe pour le natif de Ngozi qui estime être l’homme providentiel, que Dieu a désigné pour gouverner le Burundi. Pour Véronique Ahyi-Hoesle, tout a considérablement changé depuis ce jour : « Ça s’est durci depuis 2015 puisque le président Nkurunziza aurait dû normalement céder la place et il a voulu se maintenir à la présidence comme cela se passe assez souvent en Afrique. Et donc il y a eu l’opposition qui s’est naturellement manifestée. Il l’a réprimée en la tuant et jusqu’à maintenant il y a régulièrement des personnes qui meurent. »


Le peuple burundais a lui-même subi les conséquences de l’ultime montée en puissance du chef d’Etat africain. Et cette tentative de coup d’Etat n’a fait qu’amplifier la tension qui semblait se dessiner. Puisqu’auparavant, Le Burundi n’a connu que des stations indépendantes plutôt dynamiques, et fières de jouir de leur liberté d’expression. Mais après cette fracture entre le gouvernement et la population, les choses ont changé. Certains journalistes ont été accusés de pactiser avec l’opposition et par la suite sévèrement punis. « J’ai des amis qui ont été incarcérés. J’ai en ai retrouvé un à Paris. Cet ami a travaillé très longtemps dans la clandestinité, sa tête a été mise à prix. Et quand on était à Kigali, un jour j’ai rencontré la femme de cet ami qui était terrorisée en disant « J’ai peur qu’un jour on voit aux informations la tête de mon mari sur un pieux et que mes enfants découvrent un jour leur père ainsi. » Donc ça, c’est aussi la presse au Burundi… » ajoute-t-elle. Véronique Ahyi-Hoesle ne peut que s’indigner devant les déboires d’un pays qu’elle affectionne tant et qu’il lui a même permis d’écrire son premier roman. Une source d’inspiration qui devient moindre quand la liberté d’expression y est absente. C’est même un certain rejet qui s’exprime dans ses derniers propos à ce sujet : « Les seuls journalistes un peu dissidents sont partis. Maintenant, il y a vraiment une presse d’Etat où tout est contrôlé, et toutes les radios ont été saccagées… »


L'équipe EPHEM' en bref : 

 Rédacteur en chef :
John Bourgeois

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 Secrétaire de rédaction :
Sid Ahmed Benahmed

 

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Journalistes :
Sylvain Riollet
Jérémie Léger
Camille Heurtebise-Garnier
Margot Caillet
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